Figures d’onde, 2015
Onde vidéo 4’30
Figures d’onde 15 photographies 57X40cm
Une première vision fascinante de l’eau m’a entrainée au fil des rives de l’Ardèche de sa source à la confluence. Pérennité de cette rivière qui témoigne encore, à la Combe d’arc, de la morphologie naturelle que les hommes de Chauvet ont connue. La source sort du roc, le creuse et adapte sa course à la résistance des parois. A fleur d’eau elle explose, écrit sa musique avec l’encre de lumière sur le parchemin d’or des fonds; à vau l’eau elle charrie la basse continue, le roulement grave des cailloux. Les formes qu’elle façonne, élan vital dans la matière, sont celles qui de tout temps ont inspiré l’imaginaire et de nombreux mythes. Cet élément est le véhicule fluctuant de nos possibles d’être ; il projette dans l’origine, le surgissement du monde, nous confronte à l’épreuve du temps et de sa durée, à l’impermanence des formes, à la coexistence du continu et de l’éphémère.
L’eau, nappes photosensibles glissantes et ondoyantes, absorbe et réfracte la lumière en mêlant les couleurs des fonds pierreux à celles du ciel. En posant mes jalons au fil des rives dans cette réserve de formes ductiles, j’installe mon observatoire et explore les potentialités plastiques de l’eau : -la photographie fixe dans l’instant des dessins/sculptures d’eau, ramène à la vision ces formes fulgurantes que l’œil discerne à peine. A l’atelier, ces premières prises de vues redeviennent matière à travailler. -quelques vidéos enregistrent le flux, la luminescence et le son qui renforce l’immersion hypnotique dans l’élément.
Une fois les premières prises de vue travaillées en numérique, ces photographies redeviennent surfaces vives dans un montage vidéo.
Onde vidéo 4’30 recompose des traversées, diffracte la malléabilité de l’eau, construit avec les différents médiums une poétique de la matière en métamorphose afin de provoquer chez le regardeur un état d’immergence dans l’origine, la source, le vortex du jeune torrent.
Figures d’onde suite de 15 photographies sont issues de vidéogrammes captés dans ce nouvel état de matière ; images fixes elles nous redonnent le temps de voir apparaitre toutes ces formes en devenir « constellations d’eau qui s’éparpillent trop vite… » Philippe Jacottet .