L'espace urbain, 1998
Chaque corps a son avant-corps et chaque sens son avant sens par un certain prolongement de sa volatile matière qui le transporte hors de lui-même et le fait être où il n’est pas, agir où il ne peut atteindre.
Joseph JOUBERT Carnets
L’ensemble de mon projet artistique met en perspective les notions de Passage et de Seuil, symboliques des relations en mouvement de l’homme à ses différents milieux de vie.
Plasticienne, j’utilise les techniques photographiques en travaillant matière et lumière pour faire advenir une image dans le temps. Lente métamorphose où plusieurs états photographiques du réel sont mis en relation et en mouvement. Pour aller chercher dans la matière les tensions et faire émerger de l’espace fluide la figure humaine en mouvement
Dans l’espace urbain, les séries Anonymes, Passer le pont, Ici Là-bas, Labyrinthe, réalisées à Paris, New York et Berlin revisitent et dégagent des cheminements pour l’homme arpenteur, passant ou sentinelle aux prises avec son environnement.
Ma confrontation aux édifices de Mario Botta ( Maison du Livre, de l’image et du son de Villeurbanne) et Dominique Perrault (Bibliothèque Nationale de France) m’a permis de réaliser deux ensembles Seuil 1995 et Seuils 1998 . La transparence, les reflets des surfaces vitrées omniprésentes, la vision à 360° qu’elles permettent sont comme des plaques photographiques sur lesquelles les silhouettes humaines poreuses à la lumière se déplacent dans un espace aux repères vacillants.
Les effets de dédoublement des corps photographiés donnent une épaisseur à ce seuil aérien et fluide. Ils figurent les possibles de l’être.
B.Tintaud, 1998